L’alcool, problème de santé publique majeur, est fréquemment associé à d’importants dommages sur le plan sanitaire (maladies, décès) ou social (insertion sociale, comportements sociaux inadaptés). L’alcoolisme est désormais considéré comme une maladie relevant d’une intervention médico-psycho-sociale.
Chaque médecin (en milieu hospitalier ou en médecine de ville) est souvent confronté aux patients présentant des difficultés vis-à-vis de l’alcool et doit être sensibilisé à la prise en charge dont le sevrage constitue une étape incontournable et essentielle (en cas de dépendance avérée).
L’addictologie a une mission curative, mais aussi de prévention de l’usage et des effets secondaires liés aux prises de produits.
Le sevrage thérapeutique peut véritablement prendre tout son sens que lorsqu’il s’intègre dans une stratégie globale de soins du sujet alcoolodépendant. Le sevrage thérapeutique assure la prévention et le traitement des symptômes de dépendance physique et des complications induites par la suppression brutale de l’alcool.
Il existe des protocoles bien établis à base de :
- benzodiazépines en première intention prescrites à doses dégressives
- et de vitamines (thiamine ou vitamine B1, pyridoxine ou vitamine B6 et PP) pour éviter les complications du sevrage en alcool
- il sera essentiel d’associer une hydratation suffisante (2 à 3 litres d’eau par jour)
Tout syndrome d’alcoolodépendance justifie un sevrage complet et prolongé en l’intégrant dans un projet dont les objectifs doivent être précisés avec le patient. Les complications somatiques fréquentes de la maladie alcoolique peuvent s’aggraver, voire se révéler lors du sevrage, et font l’objet de traitements spécifiques. La prescription peut être aidée par l’usage des échelles d’évaluation de la sévérité des symptômes.
Les sevrages doivent être préparés et non en urgence. La demande doit émaner du patient qui est partie prenante des soins avec un projet thérapeutique.
Il n’y a pas de contre indications mais des non indications au sevrage immédiat :
- en cas d’absence totale de demande et de motivation du sujet,
- en cas de situation de crises (affective, sociale, professionnelle) révélées par un demandeur de l’entourage ou par le patient, sans évaluation correcte des avantages et inconvénients des conduites d'alcoolisation et de l’abstinence,
- cas d’absence de projet thérapeutique (évaluation, objectif, programme) et de projet social.
La sévérité des symptômes, la complexité des situations, la fréquence de troubles psychiatriques sous-jacent imposent souvent une hospitalisation dans une unité spécialisée.
Le maintien de l'abstinence sera aidé par des traitements addictolytiques (diminuant le besoin de boire) et par l'accompagnement psychothérapique.
Pour les patients présentant un abus d'alcool, et non une dépendance à l'alcool, l'objectif sera le retour à une consommation non nocive. Les stratégies sont alors motivationelles et d'accompagnement psychothérapique.